Sonnet
SONNET.
IE n'en mentiray point. j'ay vescu d'autres fois
Courbé dessous le jou du beau fils de Cythere.
Et menant une vie & triste & solitaire;
I'ay souvent estonné les rochers & les bois.
Comme un Cygne mourant j'adoucissoy ma voix,
En sentant approcher un trepas volontaire:
Et contraint de mourir il me faut ore taire,
Veuf de la liberté qu'au paravant j'avois.
Vous me pensez lasser d'une rigueur extresme,
Et je pense plustost lasser la rigueur mesme;
Mais nous sommez trompez tous deux esgalement:
Car vous pensant flechir je vous rens plus cruelle,
Et vous me pensant perdre à force de tourment;
Vous me rendez au double amoureux & fidele.
IE n'en mentiray point. j'ay vescu d'autres fois
Courbé dessous le jou du beau fils de Cythere.
Et menant une vie & triste & solitaire;
I'ay souvent estonné les rochers & les bois.
Comme un Cygne mourant j'adoucissoy ma voix,
En sentant approcher un trepas volontaire:
Et contraint de mourir il me faut ore taire,
Veuf de la liberté qu'au paravant j'avois.
Vous me pensez lasser d'une rigueur extresme,
Et je pense plustost lasser la rigueur mesme;
Mais nous sommez trompez tous deux esgalement:
Car vous pensant flechir je vous rens plus cruelle,
Et vous me pensant perdre à force de tourment;
Vous me rendez au double amoureux & fidele.